Je m’appelle Coralie, j’ai 28 ans et je suis la maman d’une petite fille de 15 mois. Elle est née a 33+4, alors voilà mon histoire, mon histoire que je souhaitais raconter sur Neuf Mois et partager avec la communauté des mamans et des futures mamans.
Rendez-vous chez le gynécologue après l’arrêt de la pilule
Décembre 2012, je suis en couple depuis 7 mois et je me dis « allez, rendez-vous chez le gynécologue, j’arrête la pilule pour un mois car ça fait 13 ans que je la prends ». Et là : kyste ovarien, dans la foulée on me fait un frottis qui révèle un souci sur le col, donc colposcopie, résultat toujours pas bon. On m’appelle, on fait passer un laser, 6 mois après tout va bien. Bref, dans la foulée on se décide à faire bébé, un an après toujours rien. Mon gynécologue nous dit « vous avez le temps vous êtes jeune » Sauf que je me suis rendu compte que je n’ovulais pas, donc je change de gynécologue et on me prend enfin au sérieux, après examen. On me découvre un syndrome des ovaires micropolykystiques, plus glaire qui tue les spermatozoïdes, plus petit ovaire. Bref nous essayons les traitements avec Clomid et Ovitrelle avec des allers et des retours chez le gynécologue : même dimanche jour férié. Le gynécologue nous dit quand faire les câlins et rien ne se passe, on prend un coup au moral et surtout dans notre vie de couple.
Au bout de 2 ans nous partons en PMA
Le long chemin commence, piqûre pour maturer les follicules, piqûre pour ovuler, écho, prise de sang, bref je tombe enceinte, enfin le rêve est à nous. 1,2,3,4 mois se passent, tout va bien on est heureux, 21+2 perte bouchon muqueux et là je me sens bizarre, une amie m’amène à la maternité, le travail a commencé, on me fait prise de sang, écho ,perfusion pour arrêter tout ça car il est trop tôt. Les contractions se calment mais dans la nuit du dimanche au lundi ça reprend de plus belle, ça ne s’arrête pas. On m’examine et là on me dit « désolé madame, vous allez accoucher ». Le ciel m’est tombé sur la tête car je savais qu’il ne ferait rien pour mon petit garçon, il allait mourir, j’ai accouché par voie basse mon fils était vivant (une sage-femme dit à une autre qu’il bouge, cette phrase me restera gravée en tête). Mais en France, du moins par rapport à ce qu’à l’époque on m’avait dit, ils ne pouvaient rien faire avant 25 semaines, nous étions à 21+4 et là on vient vous harceler de question enterrement, incinération, don du corps à la médecine.
J’ai perdu mon bébé
J’ai pleuré, déprimé, j’étais en colère, bref ma vie s’était arrêtée, on a demandé autopsie, caryotype et j’en passe. Quand les résultats sont revenus, tout allait bien mais j’avais l’impression qu’il était mort une seconde fois. Alors on se pose la question, pourquoi nous ? Bref nous reprenons la PMA en janvier 2016 et là je tombe enceinte grâce à la PMA. Nous étions contents mais à la fois nous avions peur. J’étais suivie tous les 15 jours, et à 26+ 4 je suis allée en visite comme tous les 15 jours mon gynécologue, il veut me faire un prélèvement vaginal et là il recule et me dit « euh …. On a un souci votre col s’ouvre, vous avez des contractions ? » Ben non, mais « si » qu’il me dit. Je suis transférée à Reims en urgence. Là je me dis, c’est pas possible, le sort s’acharne, pas une deuxième fois, je ne supporterai pas. Cercler double nœud à 27 semaines, il me lâche à 28 semaines. La sage-femme est à la maison tous les 2 jours : prise de sang, monitoring, cachet pour les contractions.
Deuxième accouchement prématuré
On a compris que j’avais un col très très sensible, voilà pourquoi j’ai perdu mon fils. Et à 33 +4 : contractions qui ne s’arrêtent pas. J’arrive aux urgences, j’étais ouverte à 4, on essaye d’arrêter les contractions mais rien n’y fait, on me retire mon cerclage, j’accouche dans la foulée le 26 août 2016 à 16 heures 59 d’un bébé de 1,920kg pour 40 cm. Ma princesse est là, en pleine forme. Elle monte en service de néonatalogie, mais elle va bien. Le pédiatre est très surpris, elle respire seule, pour moi l’angoisse ne fait que commencer car on a beau me dire qu’elle va bien, j’ai peur de la perdre elle aussi. Mon bébé né prématuré y est resté 3 semaines mais en 3 semaines ma vie s’est arrêtée. Elle a été sondée, je ne supportais pas de la voir ainsi branchée dans sa petite maison en plastique chauffée. On pouvait la prendre sur nous mais elle était toute petite, si fragile. J’ai passé mon temps à pleurer, à avoir peur pour elle.
Mon bébé va bien, elle grandit vite !
Maintenant elle a bien grandi et c’est toujours mon tout petit bébé, elle va bien, elle grandit bien, elle n’a aucun retard. J’ai pris la décision de ne pas travailler pour l’éduquer et en profiter un maximum car je n’aurais qu’elle. Je n’aurais plus d’autres enfants. Aujourd’hui je n’arrive toujours pas à regarder des photos d’elle avec sa sonde, ou même des émissions de bébés prématurés ou d’accouchements car ça me rappelle à quel point la vie ne tient qu’à un fil et que je ne pourrai plus jamais donner la vie. Même si maintenant j’ai la chance d’avoir mon bébé et qu’elle va très bien. Les blessures restent et il n’y a pas une journée qui ne passe sans que je pense à ce bébé décédé. Quand on me demande combien j’ai d’enfants je veux dire deux mais non, je réponds un car l’être humain est curieux, trop curieux, et la blessure ne se refermera jamais.