L’amour sur ordonnance a tendance à mettre à plat les libidos les plus exigeantes. Or, en traitement de procréation médicalement assistée, les relations sexuelles sont très encadrées. Le docteur Sylvain Mimoun, sexologue et co-auteur de L’égoïsme partagé : le secret des couples heureux, nous explique comment protéger son couple pendant les traitements.
Quand bébé ne s’annonce pas de lui-même, il faut parfois aller le chercher !
Pour déclencher la grossesse, il existe de nombreux traitements en fonction des causes de l’infertilité. Certains traitements nécessitent de programmer des rapports sexuels à heures fixes, en fonction de l’ovulation. Des rapports montre en main, cela peut bloquer la sexualité ! « C’est un parcours du combattant », reconnaît le Dr Sylvain Mimoun, « car le désir d’enfant dépasse le désir sexuel ». Outre le fait que l’on a connu situations plus romantiques, il y a toujours, pour l’homme, la peur de l’échec. Car l’idée de fertilité est étroitement liée à la conception que l’on a de la virilité. La crainte que cela ne marche pas peut amener l’homme à manquer de motivation sur l’oreiller. Voire à ne plus avoir de désir sexuel pour sa conjointe.
Plus de chance de concevoir un bébé si tout va bien psychologiquement ?
Ceci étant, tout n’est pas noir, loin s’en faut ! « Il ne faut pas oublier que les hormones sont également un bon soutien de la sexualité », précise le sexologue. « Si elles agissent sur les spermatozoïdes, elles permettent aussi à la femme d’avoir plus d’œstrogènes, ce qui augmente la réussite sexuelle car les rapports sont plus confortables ». Physiologiquement, le corps est prêt à recevoir un embryon, et c’est le contexte psychologique qui pourrait freiner les chances de concevoir un bébé. En effet, la femme peut-être totalement obnubilée par le désir d’enfant et par son ovulation. Au point de poser des barrages inconscients. « L’obsession du bébé éloigne la femme de la sexualité et cela retentit forcément sur le partenaire », constate le Dr Sylvain Mimoun. Les rouages de l’inconscient sont assez complexes pour que cette obsession puisse avoir un impact sur la fertilité elle-même, puisque l’ovulation tant espérée tarde alors à se déclencher.
Lâcher prise, une nécessité pendant une procréation médicalement assistée
De manière générale, des rapports deux ou trois fois par semaine sont théoriquement suffisants pour espérer une fécondation. En effet, les spermatozoïdes peuvent survivre environ trois jours dans les voies génitales féminines. En revanche, l’ovule ne survit qu’une dizaine d’heures. Il peut donc être intéressant de cibler l’ovulation pour programmer les câlins. L’ovulation se produit généralement après le pic hormonal ou l’injection de l’inducteur d’ovulation. « Il faut avoir des rapports réguliers, sans se focaliser sur l’ovulation », conseille le docteur Mimoun. Que les couples se rassurent : « si le couple n’avait pas de problème d’ordre sexuel avant le traitement, cela limite les risques de blocage », explique le sexologue.
En revanche, s’il existait déjà des difficultés de désir, le traitement n’arrange pas les choses. Et le couple risque d’être vraiment bloqué. « Pour les couples qui commencent la FIV, le rapport à la sexualité est différent car ils se sentent en sécurité, estime le sexologue. Le fait qu’une équipe médicale s’occupe de leurs procréations les rassure. Ils ont donc moins de risques de blocages sexuels ». Dans tous les cas, le Dr Sylvain Mimoun conseille de « lâcher prise », c’est le meilleur moyen de se sentir bien dans sa tête et dans son corps et d’optimiser les chances d’avoir enfin cet enfant tant désiré.
Et si on vient de faire une FIV , on peut avoir des rapports sexuels ?
Souvent la question se pose après une FIV : est-ce que je peux avoir des rapports sexuels ? Ne vont-ils pas diminuer le taux de réussite ? L’embryon peut-il se décoller ? Si certains médecins peuvent déconseiller l’acte sexuel après une FIV, une étude a démontré que des rapports sexuels après une FIV, non seulement n’avaient pas d’impact sur sa réussite mais qu’au contraire ils favoriseraient l’implantation embryonnaire. Dans tous les cas, votre couple ne doit pas se mettre entre parenthèses.
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