Quand assumer son refus des vaccins conduit (presque) en prison

Marc et Samia Larère n’ont pas fait vacciner leurs enfants. Pour cette raison, le tribunal correctionnel d’Auxerre les a sanctionnés. Deux mois de prison avec sursis pour le couple pour « refus de se soumettre à l’obligation vaccinale », a déclaré la justice le 7 janvier 2016. Le Code de la santé publique prévoit, au maximum, une peine de six mois d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende.

Ce ne sont pas les premiers parents à être convoqués en justice pour avoir refusé de vacciner leurs enfants. Poursuivis pour « soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé (…) de son enfant », ils risquaient d’être condamnés, au départ, à 2 ans de prison et 30 000 euros d’amende. Leur défense ? L’impossibilité de les vacciner puisque le DT-Polio est en rupture de stock depuis 2008 ! Voilà pourquoi le tribunal correctionnel a modifié la durée de l’emprisonnement. En effet, il existe bien un vaccin mais qui comprend des valences non obligatoires, notamment contre la coqueluche, l’Hæmophilus ifluenzae de type B (bactérie à l’origine de méningites et de problèmes respiratoires) mais aussi contre l’Hépatite B, un vaccin très controversé. D’où le refus des parents.

Quelles conséquences pour les enfants ?

Le vaccin DT-Polio doit être réalisé avant 18 mois, or la fille aînée du couple Larère est âgée de 4 ans. Si les vaccins ne sont pas faits, les enfants ne peuvent pas être inscrits en crèche, en centre de loisirs, ni même à l’école. Des conséquences qui impactent lourdement le quotidien et le bon développement de l’enfant !

Qui plus, à l’heure actuelle avec le développement du tourisme mondial et les migrations multiples, les bactéries disparues en France peuvent faire leur réapparition. C’est le cas par exemple pour la diphtérie, présente dans certains pays d’Europe de l’Est. Pour rappel, un enfant non vacciné est décédé en Espagne en juin dernier. Ou encore pour la rougeole qui sévit notamment aux Etats-Unis. Si les épidémies sont rares en France, c’est en raison de la couverture vaccinale suffisante. Mais si cette couverture vaccinale baisse, c’est la porte ouverte aux bactéries, avec le retour des épidémies et des décès.

L’affaire de Marc et Samia Larère est allée jusque devant le Conseil constitutionnel après qu’ils aient déposé une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC). En effet, ces parents ne contestent pas la vaccination obligatoire mais l’obligation de recourir à un vaccin hexavalent contenant des valences non obligatoires. En mars 2015, les Sages avaient alors considéré la vaccination obligatoire comme étant « l’exigence constitutionnelle de protection de la santé ».

Mais si les vaccins obligatoires n’existent plus, pourquoi proposer des formules contenant des vaccins non obligatoires à la place et ensuite punir ceux qui ne veulent pas les faire ? Cela ne fait pas avancer le débat, c’est certain. L’explication donnée par le laboratoire, c’est la rupture de stocks liée à l’augmentation de la demande dans différents pays et le délai très long de fabrication de nouveaux vaccins, environ 18 mois. Selon les autorités de santé, le retour des vaccins obligatoires simples en stock suffisant dans les officines devrait avoir lieu dans les premiers mois de 2016. Cela suffira-t-il à calmer la polémique ? L’histoire le dira…


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