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Accouchement : pouvez-vous refuser les protocoles imposés ?

Avec la fermeture des petites maternités et la centralisation des naissances vers des maternités-paquebots, garder un souvenir heureux de son accouchement tiendrait-il de l’utopie ? Point de vue au vitriol par Doris Nadel, sage-femme et auteur de Quelle naissance aujourd’hui pour quelle société demain ?*, à qui Neuf Mois rend hommage ici, car Doris Nadel est malheureusement décédée subitement le mois dernier, peu de temps après la réalisation de cette interview.

Votre constat, c’est qu’aujourd’hui on n’aborde l’accouchement que par la lorgnette du risque : ce n’est pas un peu exagéré ?

Non, car toute l’organisation de notre système de soins en obstétrique est centrée sur la gestion du risque. Cette médicalisation est basée sur un postulat partagé par la plupart des obstétriciens, à savoir que tout accouchement est potentiellement risqué, que la survenue d’un problème est imprévisible et peut nécessiter une intervention sans délai sous peine de dommages irréparables. Partant de là, assurer la sécurité revient à concentrer les moyens humains, anesthésiste, pédiatre, obstétricien, en permanence accessibles avec toutes les techniques. Et c’est ce qui a conduit à fermer les petites maternités à partir des années 90. Parce qu’on partait de ce postulat de départ : accoucher, c’est dangereux !

Beaucoup de futures mamans redoutent l’hypermédicalisation, mais face à votre constat, c’est difficile d’y couper, donc ?

Oui, parce que face à un danger potentiel, on met en place des barbelés de protection. C’est ainsi qu’on a établi des protocoles de sécurité, identiques partout. Or les femmes ne sont pas identiques et un accouchement ne ressemble pas forcément à un autre accouchement. Et 80% des femmes qui accouchent en France sont diagnostiquées à bas risques.

Mais n’est-ce pas ainsi dans tous les pays industrialisés ?

Non, les choses ont évolué ailleurs. En 1993, une étude australienne, « Changing childbirth », dénonçait déjà les risques de la médicalisation systématique et encourageait au retour à la physiologie, et ce, au sein même de l’hôpital. L’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg, les pays scandinaves ont déjà opté depuis de nombreuses années pour les Maisons de Naissance et centres de naissance et une politique périnatale prenant davantage en compte le choix des femmes du praticien et du lieu de naissance. Avec pour principe d’axer leur politique de santé sur la normalité de la maternité. En Grande-Bretagne, un rapport récent du NICE160, équivalent anglais de la HAS, encourage les femmes ne présentant pas de risques particuliers et déjà mères, à accoucher chez elles ou dans une maison de naissance plutôt qu’à l’hôpital, en s’appuyant sur les études scientifiques internationales qui démontrent qu’il n’y a pas plus de risques pour la mère et l’enfant à accoucher en dehors de l’hôpital avec une sage-femme. En Hollande, une séparation très stricte est faite entre situation normale et situation pathologique : les sages-femmes ne traitent que les cas normaux, les obstétriciens que les cas pathologiques.

Selon vous, les femmes à bas risques peuvent-elles refuser les protocoles établis par les maternités ?

Dans le cas d’un accouchement à bas risque, le choix des femmes doit être respecté. Prenez l’exemple de la Belgique : le Centre d’expertise des soins de santé (KCE), sous tutelle du ministère de la Santé publique et des Affaires sociales, y a publié en 2010 des « Recommandations de bonne pratique pour l’accouchement à bas risque ». Ce document encourage les équipes obstétricales à n’intervenir qu’en cas de nécessité et à informer les femmes enceintes sur les conséquences de toute intervention. Au regard de ces recommandations qui se rapprochent de celles de l’OMS, nous pouvons nous rendre compte que nos façons de faire en France, concernant les accouchements à « bas risque », soit 80 % des femmes enceintes, pourraient s’améliorer dans le sens du respect de la physiologie, et non pas rester calquées sur la prise en charge des accouchements à risque plus élevé.

Neuf maisons de naissances expérimentales sont en train d’ouvrir : faut-il les multiplier ?

Il aura fallu 17 ans à la France pour mettre en œuvre l’expérimentation des Maisons de Naissance attenantes à une maternité : le premier projet, auquel j’ai participé, date de 1998 ! Mais il n’y a pas que les maisons de naissance : accouchements à domicile, espaces physiologiques, ouverture des plateaux techniques aux sages-femmes libérales sont autant de propositions réalisables aujourd’hui. Si tant est que s’impose un authentique désir politique de changer les conditions de la naissance en France, par une saine prise de conscience du sens de la naissance et des corrélations étudiées sur les conditions de la naissance et l’avenir de nos sociétés.


En hommage à Doris Nadel, sage-femme

Elle a fait ses débuts aux Lilas et aux Bluets, maternités parisiennes réputées pour leur engagement en faveur de l’accouchement physiologique, et qui ont fortement influencé sa pratique. Connue et appréciée pour son professionnalisme et la rigueur intellectuelle avec laquelle elle exerçait sa profession, Doris Nadel était aussi, et peut-être surtout, une personnalité lumineuse qui s’inscrivait dans un courant profondément humaniste de la pratique médicale.

Lire et partager son livre

Quelle naissance aujourd’hui pour quelle société demain ?, paru aux Editions Le Souffle d’or, quelques semaines avant son décès subit, fin mars, est le meilleur hommage que l’on puisse rendre à cette sage-femme de grande valeur, qui a terminé sa carrière en cabinet libéral dans le Sud de la France.

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Doris Nadel, sage-femme.

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