Y a-t-il un âge limite pour être père lors d’un parcours d’assistance médicale à la procréation (AMP) ? C’est la question que s’est récemment posée l’Agence de biomédecine, et la réponse a été claire : oui.
Dans un récent article du JDD, on apprend que Florence, 40 ans, et Henri, 66 ans, un couple de parisiens, s’est en effet vu refuser le droit d’utiliser les spermatozoïdes congelés d’Henri. En plein parcours d’AMP depuis 5 ans, ils souhaitaient se rendre en Espagne pour utiliser les paillettes congelées lors d’une FIV avec don d’ovocytes, Florence souffrant d’insuffisance ovarienne. Mais pour cela, l’accord de l’Agence de biomédecine était nécessaire afin « d’exporter » ces paillettes. Et, en novembre dernier, celle-ci a donné une réponse négative. La raison invoquée : l’âge d’Henri. Car selon le texte de loi, le couple stérile ou infertile doit être « en âge de procréer ».
La directrice de l’Agence de biomédecine, Emmanuelle Prada-Bordenave, explique cette décision : « Le nombre de fausses couches augmente avec l’âge du père, et le taux de réussite s’effondre après 60 ans. Je peux considérer, en fonction du dossier, que l’âge est trop élevé. J’assume. » Mais aux yeux du Pr Olivier Olivennes qui suit le couple depuis le début de leur parcours d’AMP, c’est « un abus de droit, un jugement moral. L’Agence doit garantir que ces gamètes seront utilisées dans un cadre légal. C’est le cas. »
La question suscite un vaste débat, peut-être d’ailleurs parce que le texte de loi n’est en lui-même pas très précis sur les âges limites – « en âge de procréer » étant un terme trop vaste et trop imprécis. Mais c’est un sujet délicat, car quel âge peut être considéré comme « limite » ? En effet, un homme peut être père de façon « naturelle » à 60 ans passés. Donc comment statuer sur l’âge maximum souhaitable pour être père ? La plupart des centres d’AMP acceptent les hommes jusqu’à 60 ans, certains vont jusqu’à 70 ans, et un autre avoue avoir accueilli un homme de 80 ans. Néanmoins, selon le Pr Louis Bujan, président de la Fédération des Cecos (Centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains), la meilleure solution serait de fixer un âge limite : « Cela exclurait des couples mais réduirait les inégalités ».
En attendant, Florence et Henri n’entameront pas de procédure de recours, ne souhaitant pas s’engager sur un si long chemin juridique. Ils se tournent désormais vers un don d’embryon en Espagne.