Selon les dernières statistiques INSEE sur la natalité en France, en 2013, les Françaises ont 30,3 ans à la naissance de leur premier enfant. Une moyenne relativement raisonnable mais qui ne doit pas occulter l’augmentation du nombre de femmes abordant la maternité au milieu, voire même à la fin, de la trentaine. Trop tard, vraiment ?
La moyenne, ce n’est pas une science exacte. Juste une analyse relative : un pic de naissance avant 30 ans minimisera forcément le pic (moindre) des naissances après 35 ans. D’où cette moyenne de 30,3 ans au premier enfant, qui n’est justement qu’une moyenne. La réalité, c’est que de plus en plus de femmes retardent leur désir d’enfant et s’interrogent même sur l’opportunité de faire congeler leurs ovocytes pour faire un enfant plus tard. Quand elles auront l’argent, le temps… et aussi le père. Sauf qu’en France, c’est interdit par la loi. Mais voilà, ailleurs, et pas forcément à l’autre bout de la planète, c’est permis. En Espagne, par exemple. Ça coûte des sous, entre 3000 euros et 10 000 euros, selon l’état de la fertilité de chaque candidate. Forcément, ce sont les plus riches qui s’y collent, celles qui, dit-on, ont plus de raison de tarder à faire un enfant, pour cause d’études longues, d’exigences d’investissement professionnel quasi-surhumain donc ne collant pas avec les contraintes d’une mère de famille, celles dont les amoureux sont dans la même quête de réussite qu’elles et passent donc souvent dans leur vie à la vitesse d’une comète…
Jusqu’à quand attendre ?
Faut-il se réjouir que la technique de procréation vienne donner un coup de pouce aux trentenaires filant vers la maturité et encore sans enfant, jusqu’à souhaiter que ce soit enfin autorisé en France et donc pris en charge par l’assurance-maladie ? Lorsque l’idée avait germé au sein du Comité national d’éthique, cette disposition ne devait concerner que des femmes entamant un parcours de soins pouvant les rendre stériles. Pas celles en perpétuelle quête de l’âme sœur et du bon moment pour procréer au risque d’y laisser leur fertilité naturelle. Eh oui, depuis 15 ans, le Pr François Olivennes martèle à qui veut l’entendre : « N’attendez pas trop pour faire un enfant ! ». Une phrase choc pour rappeler aux femmes que la fertilité baisse très vite, au tournant de la trentaine. Que les chances d’être enceinte naturellement se réduisent drastiquement avant même d’avoir atteint la quarantaine. La technique pourrait le faire mentir, à condition de penser à congeler ses ovocytes avant 30 ans, un âge-clé pour garantir leur qualité reproductive. Au cas où…
Des questions à se poser ?
Mais de quoi rêvent donc les femmes aujourd’hui ? D’être mère à l’âge d’être grand-mère, privant pour le coup leurs enfants d’un lien magique avec la génération du dessus, les « vrais » grands-parents ? Aujourd’hui, en moyenne on devient grand-parent à 54 ans : suffisamment jeune pour entretenir une vraie complicité avec les petits-enfants. Qu’en sera-t-il demain si la moyenne d’âge à la première naissance atteint 35, voire 40 ans, grâce aux progrès de la technique, ce qui n’exclut pas forcément d’ailleurs les risques de complications liés à la grossesse tardive ? Quels liens intergénérationnels créer ? Quelles garanties pour l’enfant de bénéficier du soutien de ses parents assez longtemps (chômage des seniors, pathologies liées à l’âge…) pour pouvoir acquérir sans trop de peine une vraie autonomie ? Quelle relation de couple dans la parentalité espérer quand on est avant tout dans le calcul du bon moment, de l’opportunité idéale et que l’on s’interdit la spontanéité ?
Des questions que posent clairement les statistiques de l’INSEE sur la natalité en 2013 et les évolutions de la technique de procréation médicalement assistée. Et vous qu’en pensez-vous ? Y a-t-il un âge idéal pour devenir maman ? Faut-il autoriser en France la congélation des ovocytes pour s’assurer une chance de maternité au moment choisi même après 40 ans pour une première maternité, quels qu’en soient les risques ? On attend vos avis !
